La merveille du langage est qu’il se fait oublier: je suis des yeux les lignes sur le papier; à partir du moment où je suis pris par ce qu’elles signifient, je ne les vois plus. Le papier, les lettres sur le papier, mes yeux et mon corps ne sont là que comme le minimum de mise en scène nécessaire à quelque opération invisible. L’expression s’efface devant l’exprimé, et c’est pourquoi son rôle médiateur peut passer inaperçu (…).1 — Maurice Merleau-Ponty
Lire et regarder simultanément est impossible. Ce sont deux activités différentes.2 — Gerard Unger
First we must love words. Then Letters.3 — Derek Birdsall
Les pratiques du design éditorial et de l’identité visuelle sont centrales dans l’enseignement de notre master.4 Nous pensons que c’est dans la complémentarité de ces pratiques que l’on parvient à comprendre ce que peut le design graphique.
Prendre part à la mise en forme d’un projet éditorial, c’est-à-dire donner forme à un ensemble de contenus, sans trahir leurs auteurs et tout en se préoccupant de ceux à qui il s’adresse, c’est comprendre que le design gagne à ne pas être réduit à quelque geste spectaculaire qui permette à un objet de se distinguer. C’est comprendre aussi qu’une écriture éditoriale5 peut être à la fois exigeante est accessible. C’est réaliser que l’on découvre souvent les spécificités d’un objet à fabriquer — plutôt qu’on ne les invente — en portant une attention méticuleuse aux matériaux qui le constitue, avant de nous mettre à les manipuler.
Prendre part à l’élaboration d’une identité visuelle, c’est découvrir que l’on peut, en donnant un visage à un projet, aider ceux qui l’on initié à mieux le définir. C’est comprendre à quel point ce projet s’adressant à des usagers, il convient que ce visage se tourne vers eux.6 C’est expérimenter à quel point il y a de nombreuses manières de s’adresser à un même public, et que le rôle du designer est d’accompagner le commanditaire dans le choix de cette manière.
Pour mieux appréhender ces deux versants de notre discipline — design éditorial et identité visuelle —, il nous semble important de sensibiliser nos étudiant·e·s au dessin de caractère et à la photographie.
1. La citation de Maurice Merleau-Ponty est extraite de Phénoménologie de la Perception (1945), Paris, Gallimard, collection « Tel », 2013, page 462.
2. La citation de Gerard Unger est tirée de Pendant la lecture, traduit du néerlandais par André Verkaeren, Paris, B42, 2015, page 40.
3. La citation de Derek Birdsall est une déclaration faite à Jules Lubbock en août 1990, que nous avons trouvée dans les « Notes sur Derek Birdsall » rassemblées par John Morgan dans Eigengrau (direction éditoriale Alex Balgiu, Thierry Chancogne, Étienne Hervy et Olivier Lebrun), Chaumont design graphique, 2014, page 283.
4. Nous utilisons ici le terme de master en référence à l’usage commun qui est en fait par nos étudiant·e·s. Ils·elles l’utilisent couramment pour désigner ce que la stricte application des consignes du Ministère de lʼEnseignement supérieur, de la Recherche et de lʼInnovation exigerait que nous appelions un Diplôme national supérieur d’expression plastique valant grade de master. Nous espérons que cette ellipse ne sera pas considérée comme une tentative de fraude. D’ailleurs nous n’utiliserons ici le terme de master que pour désigner notre cursus, jamais pour désigner le diplôme délivré au terme de ce cursus (exemple: notre master prépare au DNSEP). Une autre façon, dans nos écoles, de désigner notre second cycle est l’expression quatre-cinq, que nous avons choisie pour intituler notre cursus.
5. On pourrait donner la définition suivante de l’écriture éditoriale : ce qui s’énonce d’un projet éditorial dans sa mise en forme même.
6. Cette proposition peut sembler tautologique, pourtant il est indéniable que d’une part la production de design graphique la plus distinguée s’adresse autant, sinon plus à la communauté des pairs qu’aux usagers auxquels elle est sensée s’adresser, et que d’autre part les commanditaires d’une identité visuelle ne savent pas toujours très bien de quelle façon il convient de s’adresser à leur public.
Il est également important que les étudiant·e·s acquièrent une solide culture de leur discipline — tant pratique que théorique —, mais aussi qu’ils·elles développent une capacité d’analyse et un esprit critique.
À cette fin, des ateliers sont proposés qui leur permettent d’expérimenter différentes manières d’articuler approche théorique et pratique, les incitent à se forger une culture spécifique de leur discipline, leur apprenne à bien maîtriser la présentation de leurs projets, et à être capable de situer leur approche personnelle de la discipline dans une généalogie de pratiques.
L’enseignement de la typographie occupe une place importante dans cette formation tant sur le plan théorique que pratique. La typographie est considérée comme un fondement du design graphique. Elle est envisagée sur le plan du dessin et du détail (micro-typographie) et sur celui de son utilisation dans la composition (macro-typographie).
L’enseignement du dessin de caractères qui est dispensé dans notre master n’a pas pour objectif de former les étudiant·e·s à devenir des spécialistes de cette discipline. C’est avant tout une occasion d’exercer une acuité d'analyse des formes et de mieux comprendre ce qui les détermine tant d’un point de vue technique, fonctionnel, qu’esthétique. Cet enseignement contribue par conséquent à poser les bases d’une culture typographique.
Il en va de même avec l’enseignement de la photographie. Les ateliers mis en place visent à sensibiliser les étudiant·e·s aux différents usages qui peuvent être fait de la photographie dans un projet de design, et à les inviter à se construire une culture spécifique de cette pratique.
Cependant ces compétences techniques, ces cultures spécifiques, ne suffisent pas à définir ce que sera la pratique de chacun des étudiant·e·s. La singularité de leur pratique se développera à partir de leurs propres centres d’intérêts. C’est pourquoi l’exercice de l’enquête est au centre de plusieurs ateliers, et c’est pourquoi nous portons une attention particulière à l’accompagnement de l’écriture du mémoire. Car ces investigations contribuent largement à fonder une approche personnelle des disciplines que nous enseignons.
L’écriture du mémoire est l’une des formes que prend ce travail d’investigation. Elle est une occasion pour l’étudiant·e de se mesurer aux contraintes d’un exercice d’écriture dont le principal objectif est de restituer un travail d’enquête 7. Toutefois, cet exercice n’a pas pour vocation de faire de nos étudiant·e·s de futurs chercheur·se·s, mais plutôt des praticien·ne·s capables de mobiliser l’écriture, la réflexion et l’enquête comme l’une des modalités de leur pratique de designer.
7. Si c’est bien le terme de mémoire, qui désigne par convention cet exercice, il s’agit plus prosaïquement d’un long article (± 9000 mots). Toutefois nous tenons beaucoup à ce que cet exercice se conforme à certaines exigences académiques : les réflexions personnelles doivent s’appuyer sur l’observation attentive et méticuleuse d’un corpus établi avec soin, être construites de façon rigoureuse en ayant recours à une méthodologie adéquate et s’appuyer sur une bibliographie et une iconographie originales. Le travail d’écriture et la maîtrise de l’oral (lors de la soutenance) sont parties intégrantes de l’évaluation qui sera faite du travail accompli, ainsi que, pour les étudiants en design graphique plus particulièrement, le travail de mise en forme éditoriale de leur recherche.
Le premier semestre de la quatrième année (première année de notre master) se développe autour de projets d’ateliers — dont certains sont menés collectivement. Ce premier semestre est structuré par un calendrier de travail très dense. La temporalité du workshop est souvent privilégiée pour créer des séquences continues de travail dédiées à un même atelier 8.
Durant ce premier semestre, le travail sur le mémoire s’amorce par le choix d’un sujet, l’établissement d’un plan et d’une première bibliographie.
Le second semestre est centré sur la rédaction du mémoire, dont la majeure partie sera réalisée durant cette période. L’étudiant·e doit pour l’essentiel construire lui·elle-même son calendrier de travail. En marge de l’écriture de son mémoire, il·elle est invité·e à poursuivre et développer de façon autonome certains des projets entamés au premier semestre.
Le début de la cinquième année (seconde année de notre master), est consacré à la fin de la rédaction du mémoire et à sa mise en forme éditoriale. Le reste de l’année est presque entièrement dédiée à la préparation du diplôme (DNSEP).
Au travers de l’élaboration de leur projet de diplôme, c’est à une définition de leur propre pratique de designer que travaillent alors les étudiant·e·s.
Le cursus est également ponctué par des workshops et des rencontres de natures diverses avec des invités (interventions).
8. Voir en annexe le calendrier annuel.
Les ateliers sont d’abord destinés aux étudiant·e·s de quatrième année. Mais il arrive que des projets initiés au sein d’ateliers en 4e année se poursuivent pour certains étudiant·e·s en 5e année. Le plus souvent, dans ce cas-là, les projets développés vont faire partie de ce qui sera présenté lors du diplôme.
Chaque atelier est l’occasion de développer une double approche — pratique et théorique — des disciplines enseignées. Les modalités d’articulation de ces deux approches varient selon les ateliers. Afin de bien identifier ce versant théorique des ateliers nous lui avons attribué un intitulé spécifique, celui de séminaire (que l’on retrouve notamment dans la grille d’évaluation). Mais les approches théorique et pratique sont souvent intimement liées. Des moments sont toutefois plus spécifiquement dédiés à une approche réflexive: les Catchs et les Essais.
Catch. Les étudiant·e·s de quatrième année doivent préparer trois courts exposés durant le premier semestre. Chacun de ces exposés se rattache au sujet traité dans l’un des ateliers. Les temps de préparation et de présentation de ces enquêtes, donne lieu à des temps de réflexion collective. Ces exposés sont également l’occasion, pour les étudiant·e·s de mener des investigations susceptibles de venir nourrir leur pratique personnelle.
Essais. Des temps de workshop sont organisés dans le cadre de l’accompagnement de l’écriture des mémoires. Ces séquences de travail sont à la fois l’occasion de se confronter collectivement à des questions de méthodologie de la recherche, de développer une approche de l’écriture adaptée aux enjeux du mémoire, d’apprendre à construire un projet de mémoire, etc. Si des rendez-vous individuels sont également proposés aux étudiant·e·s pour le suivi des mémoires, ces moments de travail collectif sont très importants pour créer une dynamique de travail et d’échanges.
Plus généralement le développement des projets au sein de chacun des ateliers fait alterner des moments d’échanges individuels — un·e étudiant·e discute avec un ou plusieurs enseignants —, et de présentations collectives des projets qui donnent souvent lieu à des réflexions d’ordre général sur la pratique, son histoire, ses enjeux, les savoirs qu’elle peut mobiliser, etc.
La valorisation de cette approche réflexive de la discipline, a pour objectif, d’une part d’amener les étudiant·e·s à envisager l’investigation théorique comme une forme privilégiée de réflexion sur sa propre pratique — sur ses enjeux contemporains comme sur son histoire —, d’autre part comme un moyen de mener des enquêtes susceptibles de nourrir un projet éditorial.
Les investigations menées peuvent mobiliser des formes très différentes : compte rendu écrit, texte d’analyse, enquête iconographique, entretien, montage d’archives, etc. Les enquêtes menées collectivement sont aussi l’occasion de constituer des bibliographies de références voir de construire des plateformes de ressources disponibles pour l’ensemble des étudiants du master.
La forme d’une lecture (Montage Collage)
Selon Wolfgang Iser (L’Appel du texte) : « (…) les significations sont le produit d’une interaction entre le texte et le lecteur. Et si le lecteur engendre la signification du texte, alors celle-ci prend forcément et pour chacun une forme individuelle. » 9
Dans le cadre de cet atelier, les étudiant·e·s doivent mettre en forme un des textes parmi ceux qui leur sont proposés. Le texte doit être augmenté de la lecture qu’en fait l’étudiant·e, c’est-à-dire de son interprétation de ce texte. À partir de cette lecture, il·elle doit formuler une proposition éditoriale qui débouchera sur la mise en forme de ce texte.
En 2020–2021, les textes proposés aux étudiant·e·s traitent tous, de près ou de loin, de la question du collage, entendu au sens large (montage, assemblage, détournement, emprunt, cut-up, etc.). Certains moments de cet atelier sont donc l’occasion de réfléchir ensemble à cet ensemble de pratiques, et notamment les séances de Catch dédiées.
Atelier mené, en 2020–2021 par Jean-Marie Courant et Lisa Sturacci (au premier semestre), Catherine Guiral (au second semestre).
Culture Typo
Propose un travail en commun explorant l’histoire de la typographie et la pratique du dessin de caractères. Se familiariser, ou approfondir ses connaissances dans le domaine de la culture typographique c’est enrichir son approche de la pratique éditoriale. Mieux observer les caractères typographiques permet, en effet, de mieux les dessiner, mais avant tout de mieux les utiliser.
En 2020–2021, nous nous intéressons aux caractères à chasse fixe, dits monospaces. Ils trouvent leur origine dans la seconde moitié du XIXe siècle avec l’invention des machines à écrire où les contraintes techniques imposent que chaque lettre et signe de ponctuation occupe le même espace. Rapidement, l’industrie typographique produit des « contrefaçons » de ces caractères à destination de l’imprimerie. Aujourd’hui, si les machines à écrire sont tombées en désuétude, les fonderies typographiques continuent de produire et distribuer de nouveaux caractères monospaces. Nous essaierons de comprendre ce qui pousse les graphistes à les utiliser aujourd’hui en observant divers objets (livres, identités visuelles) anciens ou contemporains.
Chaque étudiant·e rendra compte de ses recherches et observations à l’ensemble de la classe à travers un Catch 10 — exposé synthétique d’une dizaine de minutes.
En parallèle, à partir d’une sélection de spécimens typographiques issus des collections du musée de l’imprimerie de Lyon, chaque étudiant·e choisira un alphabet monospace qui servira de modèle pour un revival typographique. Cet exercice, s’il est un prétexte à s’initier au dessin de caractères sur le logiciel Glyphs, à l’ambition de produire des polices de caractères fonctionnelles et utilisables par chacun·e·s.
Atelier mené, en 2020–2021 par Alaric Garnier, Jean-Marie Courant et Lisa Sturacci (au premier semestre), Catherine Guiral (au second semestre).
Identité: Texte Image
Cet atelier a pour objectif d’élaborer l’identité visuelle d’une entreprise, d’un organisme ou d’une institution. Il sera prétexte à aborder le dessin de caractères et la photographie de manière appliquée.
Chaque étudiant·e choisira un commanditaire réel parmi une liste de secteurs d’activité proposés et établira le cahier des charges du projet : contexte du projet (historique, sociologique, commercial…) ; analyse de l’identité visuelle existante, de ses qualités et défauts; étude de l’univers graphique, typographique et photographique du secteur concerné, etc.
Une fois son cahier des charges établi, chaque étudiant·e imaginera la réponse la plus adaptée, avec pour contrainte de dessiner les polices de caractères utilisées (ou certaines d’entre elles) et de réaliser les prises de vues photographiques nécessaires au projet.
Au terme du premier semestre, chaque étudiant·e présentera son projet d’identité visuelle tel qu’il le ferait face à un commanditaire réel. Comme pour un concours, il s’agit avant tout de convaincre son interlocuteur.
Il ne s’agit pas ici de livrer une identité visuelle clé en main, ni de développer des polices de caractères complètes, ni de réaliser des séries d’images définitives, mais bien de donner à voir une intention, un projet, pas sa réalisation. Tous les moyens sont autorisés : esquisses, écriture, documents d’archive, etc.
Atelier mené, en 2020–2021 par Julia Andreone, Alaric Garnier, Jean-Marie Courant et Lisa Sturacci (au premier semestre), Catherine Guiral (au second semestre).
Biennale (Revues)
Pour la prochaine édition de la biennale Exemplaires : formes et pratiques de l’édition, nous avons décidé, à Lyon, de travailler sur les revues. C’est qu’il nous a semblé que les revues étaient des objets privilégiés pour observer cette pratique qui est au centre de notre attention depuis un certain temps: l’écriture éditoriale.
On pourrait donner la définition suivante de l’écriture éditoriale : ce qui s’énonce d’un projet éditorial dans sa mise en forme même.
Choisir le terme de mise en forme, et non celui de design graphique, c’est souligner le fait que ce dont il est question ici s’étend au-delà du seul périmètre de la mise en page. Parler d’écriture éditoriale c’est en effet considérer la mise en forme d’un ouvrage comme un processus collectif, qui est à l’œuvre bien avant que la mise en page ne débute. Le design, ainsi envisagé, serait un processus dont le designer serait le garant sans en être pourtant le seul, ni même le principal acteur.
On comprend pourquoi les revues sont exemplaires de ce point de vue : la dimension collective de la conception éditoriale des revues favorise la transversalité des pratiques, et certainement aussi, la réflexion collective autours des enjeux de la mise en forme.
En outre, les revues nous révèlent à quel point l’activité éditoriale peut se développer comme prolongement d’autres pratiques : pédagogie, méthodologies de travail spécifiques, critique, pratique plastique, curatoriale, etc. La revue n’est pas simplement un média pour faire connaitre ses idées, les promouvoir, c’est aussi un environnement, un cadre de travail, une communauté.
Les revues que nous avons choisi d’étudier : Audimat, Faire, L’Incroyable, Transbordeur, Txt., Typologie.
Six étudiant·e·s participent à cet atelier. Chacun·e a en charge une revue.
Un travail d’enquête plus ou moins développé a été mené autours de chacune de ces revues et notamment des entretiens menés avec certains acteurs de ces revues.
Deux étudiantes (issues de la promotion qui suit celle des étudiants qui ont menés les enquêtes) doivent mettre en forme un site web qui présente la sélection faite à l’Ensba Lyon, et présente le travail d’enquête (voir atelier Projets web).
Atelier mené, en 2020–2021 par Jean-Marie Courant, Lisa Sturacci (au premier semestre) et Catherine Guiral (au second semestre).
9. Nous remercions Samuel Vermeil de nous avoir fait découvrir ce texte.
10. Voir plus haut la définition des Catchs.
Projets web
Dans le cadre de cet atelier, deux sites sont en cours de réalisation. Celui du master d’une part, celui qui présente la sélection de l’Ensba Lyon pour la biennale de l’édition d’autre part.
Atelier mené, en 2020–2021 par Rémi Forte avec des interventions ponctuelles de Alaric Garnier, Jean-Marie Courant, Lisa Sturacci (au premier semestre) et Catherine Guiral (au second semestre).
Workshops
Trois workshops de 5 jours sont organisés chaque année. Ces moments sont très importants dans le parcours des étudiant·e·s, car ils sont l’occasion de confronter leur pratique à un contexte de travail différent de celui des ateliers du master. Les invités sont choisis parce que leur approche fait écho aux préoccupations de notre master. Toutefois nous veillons à ce que chaque invité puisse apporter un point de vue spécifique et singulier sur ces préoccupations.
Ces dernières années nous avons notamment invités Ariane Bosshard [Huz & Bosshard] (2021), Lisa Sturacci (2020), Felix Weigand (2013–2019), Thomas Bizzarri & Alain Rodriguez (2018–2019), Paul Rousteau (2018), John Morgan (2013, 2017), Karl Nawrot (2014, 2016), John Morgan & Tom Emerson (2015), Thomas Petitjean [Spassky Fischer] (2015), Brice Domingues (2014), Coline Sunier & Charles Mazé (2013), Radim Pesko (2012–2013), Martin Frostner (2013), Aude Lehman (2012), Robert Stadler & Rik Bas Backer (2011), Fabien Cappello & Maki Suzuki [Abäke] (2011), Olivier Lebrun (2011), André Baldinger (2011).
Interventions
Nous invitons régulièrement des intervenant.e.s soit à donner des conférences, soit à intervenir de manière plus informelle dans un dialogue avec nos étudiants. Ces invitations sont le plus souvent programmées en relation avec l’un de nos ateliers et les recherches qui y ont cours.
Ces dernières années nous avons notamment invités Michel Aphesbero, Alexandru Balgiu, Ludovic Balland, David Bennewith, Gérard Berréby, Angelo Cirimele, François Chastanet, Charlotte Cheetham, Jean Cléder, Alexandre Dimos [deValence], Clément Dirié, Jérôme Dupeyrat, Damien Gautier, André Gunthert, Will Holder, Emily King, Félicitée Landrivon [Brigade Cynophile], Olivier Lebrun, Bertrand Legendre, Sacha Léopold [Syndicat], Esther Leroy, Louis Luthi, Jérôme Mauche, Étienne Menu, Armand Mevis & Linda Van Deursen, Jean-Yves Mollier, John Morgan, Karl Nawrot, Open Source Publishing, Radim Peško, Murielle Pic, Rick Poynor, Tania Prill & Sebastian Cremers, François Rappo, Jérôme Saint-Loubert Bié, Catherine de Smet, Lisa Sturacci, Benjamin Thorel, Samuel Vermeil, etc.
Investigations
Les investigations menées au sein du master dans le cadre des ateliers peuvent prendre des directions très différentes. Le développement éditorial, curatorial, évènementiel de ces investigations peut dans certains cas donner lieu à ce que nous appelons dans ce site web des « Projets ». On peut citer, par exemple les projets : Architecture et Typographie (2009–2011), Seule ou Accompagnée (2011–2013), Exemplaires: Formes et Pratiques de l’édition contemporaine (depuis 2013), Mono (2015-2017), Écritures Éditoriales (2017–2018). D’autres investigations ont plus simplement donné lieu à la constitution de ressources, comme les enquêtes Display vs Text (2016–2018) ou Times New Roman (2010–2012).
Projet de Recherche
Un projet de recherche a également été mené au sein du master, Blanche ou l’Oubli. Il est présenté dans ce site web dans la rubrique « Projets ».
Les enseignants qui interviennent actuellement en quatre-cinq sont : Julia Andreone (photographie), Derek Byrne (anglais, humanités), Jean-Marie Courant (design graphique), Alaric Garnier (dessin de caractères, design graphique) et Catherine Guiral (design graphique, mémoires).
JULIA ANDRÉONE (1987)
Elle obtient son Bachelor en design graphique à Londres, à la Central Saint Martins school (2010), et son Master en direction artistique de l’ECAL à Lausanne en 2014. Son projet de diplôme, un magazine réalisé en collaboration avec des artistes et des photographes, l’initie à la pratique de la photographie. Après avoir terminé l'école, elle est recrutée par le studio de graphisme Spassky Fischer. Pendant trois ans, elle produit le contenu photographique de plusieurs institutions culturelles, dont le Mucem et le MAC VAL.
Julia Andréone a rapidement développé un goût prononcé pour la nature morte, qu’elle exprime également dans les domaines de la photographie de mode et d’architecture.
Depuis 2017, elle fait partie de GAMUT, un jeune collectif de mode, pour lequel elle assure la direction visuelle et la photographie, ce qui lui donne l’opportunité de collaborer avec de nombreux artistes, musiciens et designers. C’est à cette même période qu’elle commence à enseigner la direction visuelle à l'Institut Français de la Mode à Paris.
Sa vision de la photographie, fortement influencée par son expérience du graphisme, se construit simultanément en réaction à notre système économique. Elle embrasse fortement la méthodologie du «do-it-your-self», travaillant avec son environnement quotidien, tout en se concentrant sur les détails et l’acte de collectionner.
Elle enseigne la photographie dans le master design graphique de l’Ensba Lyon depuis 2019.
Derek Byrne (1971)
Diplômé du DIT Kevin Street (Dublin Institute of Technology) en 1991.
Il enseigne l’anglais dans différents organismes de formation et écoles depuis 1998.
Il mène depuis 2009 une pratique de traduction (livre, revue, numérique/web, bande dessinée, sous titres, etc.), travaillant en particulier avec des graphistes, des artistes ainsi que des institutions culturelles et artistiques en France et en Europe, parmi les récents Graphisme en France, Cnap, 2020 ; Revue-Faire, saison 1 et 2, Empire, 2018–2020, Une cité industrielle, par Tony Garnier, Éditions 205, 2019 ; Une généalogie des grandes oreilles, Tombolo Press, 2019 ; ainsi que des sites web de plusieurs écoles supérieures d’art et lieux d’art en France.
Il enseigne l’anglais à l’Ensba Lyon depuis 2006.
Jean-Marie Courant (1966)
Graphiste, il travaille en collaboration avec Marie Proyart, sous le nom de Catalogue Général — qui est également le nom de la plate-forme éditoriale qu’ils ont fondée en 2016. Ils consacrent l’essentiel de leur activité à des projets éditoriaux et d’identité visuelle. C’est la lecture, sous toutes ses formes, qui est au centre de la pratique de Catalogue Général.
Il est diplômé de l’École nationale supérieure des arts décoratifs, en 1993. Entre 1997 et 2004 son activité de graphiste se déploie essentiellement dans le domaine de la musique. Directeur artistique de la revue Multitudes de 2002 à 2006, co-fondateur en 2006, de la maison d’édition It: (qu’il a quitté en 2010), il a également organisé plusieurs manifestations autours du graphisme et de l’édition : DDDAAA en 2007, colloque international et exposition sur le graphisme (École des beaux-arts de Valence et Lux, Scène nationale — invités : Pierre Bal-Blanc, André Baldinger, Max Bruinsma, Laurent Fétis, Lucas de Groot, Pierre-Damien Huyghe, Armand Mevis, Philippe Millot, Catherine de Smet, Vier5, etc.) ; Points de Vue. Formes de l’édition contemporaine en 2010 (Ensba Lyon — en collaboration avec Samuel Vermeil, Ludovic Burel et Alex Balgiu). Il conçoit avec Catherine De Smet la biennale Exemplaires, Formes et pratiques de l’édition, projet collégialement piloté par les enseignants de plusieurs écoles d’arts et design françaises.
Il est intervenu régulièrement à l’Écal entre 2009 et 2011 où il donnait des cours d’histoire moderne et contemporaine du design graphique.
De 2010 à 2012, au post diplôme design et Recherche de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne, il a coordonné la conception graphique de la revue Azimuts, dont il était également l’un des rédacteurs.
Il est coordinateur du master design graphique de l’Ensba Lyon où il a notamment assuré la coordination graphique du premier et du dixième numéro de la revue Initiales. Il y enseigne le design graphique, depuis sa fondation, en 2008.
Alaric Garnier (1988)
Il vit et travaille à Montreuil. Il est designer graphique, dessinateur de caractères typographiques et peintre en lettres indépendant, diplômé des DNA (2011) et DNSEP (2013) de l’Ensba Lyon.
Avec son associée Léna Araguas, ils conçoivent des livres ou tout type d’objets imprimés, des sites internet et des identités visuelles dans les secteurs culturels et commerciaux. Ils ont fondé ensemble la maison d’édition Rotolux Press où ils publient livres et fanzines d’artistes.
Trois de ses polices de caractères sont distribuées par la fonderie typographique Production Type: Mars (2018), Kessler (2019) et Big Daily (2020).
Il enseigne le design graphique et le dessin de caractères dans le master design graphique de l’Ensba Lyon depuis 2016 et a assuré la coordination graphique des numéros douze et treize de la revue Initiales. Parallèlement il donne régulièrement des workshops en école d’art, en France et en Europe.
Catherine Guiral de Trenqualye (1976)
Elle co-fonde avec Brice Domingues le studio de design graphique officeabc.
Elle est diplômée de l’Ensad (Paris), de la CalArts (Los Angeles) et du Royal College of Art (Londres). Docteur en Histoire du Design du Royal College of Art en 2019, elle s’intéresse plus particulièrement à l’histoire de l’édition en France et aux liens entre histoire culturelle et objets graphiques.
Elle a co-crée avec le théoricien Thierry Chancogne la revue en ligne Tombolo qui explore les relations entre design graphique et culture visuelle. Avec Brice Domingues et l’historien-éditeur Jérôme Dupeyrat, elle a initié en 2010 l’agence du doute, plateforme qui développe une recherche consacrée aux livres, à l’édition, et à tout ce qui s’y rapporte par des prismes divers que sont par exemple la lecture, le design graphique, l’exposition et le cinéma.
Elle est co-commissaire de plusieurs expositions, notamment autour du typographe Pierre Faucheux.
Elle enseigne le design graphique et suit les projets de mémoire dans le master design graphique de l’Ensba Lyon depuis 2012. Elle contribue régulièrement à la revue Faire.
Ont également enseigné dans notre master :
RÉMI FORTE
(projets web · 2020–2021)
LISA STURACCI
(design graphique · 2020–2021, premier semestre)
DANIELLE ORHAN
(mémoires · 2020–2021, premier semestre)
BORIS DONNÉ
(mémoires · 2017–2021)
HUGO ANGLADE
(photographie, design graphique · 2017–2019)
ALICE SAVOIE
(séminaires, dessin de caractères, mémoire · 2016–2019)
MARIE PROYART
(coordination graphique revue Initiales · 2016–2018)
KARL NAWROT
(dessin · 2016–2017)
CHRISTOPHE SALAÜN
(projets web · 2014–2017)
CATHERINE GEEL
(séminaires, histoire et théorie du design, mémoires · 2013–2017)
OLIVIER LEBRUN
(coordination graphique revue Initiales · 2012–2016)
MATTHIEU CORTAT
(séminaires, dessin de caractère · 2011–2015)
PIERRE DOZE
(histoire et théorie du design, mémoires · 2011–2013)
JILL GASPARINA
(séminaires, mémoires · 2010—2015)
SAMUEL VERMEIL
(séminaires, design graphique · 2016–2017)
Calendrier annuel
Le calendrier de l’année en cours est présenté ici à titre d’exemple, mais ce calendrier peut changer de façon notable d’une année sur l’autre.
Le mémoire j’adore. Petite méthodologie
du mémoire de master
Ce document est remis à l’étudiant au premier semestre de la 4e année. Il est conçu comme un petit guide du travail sur le mémoire. Mais toutes les recommandations et conseils qui y sont consignés sont également communiqués aux étudiant·e·s dans le cadre de l’accompagnement de l’écriture du mémoire.
RESSOURCES
A
Paul Andali
2017–2018
Hugo Anglade
2011–2012
Léna Araguas
2011–2013
Elsa Audouin
2009–2011
Léa Audouze
2012–2014
Léa Auvray
2016–2019
B
Alicia Baile
2014–2015
Thomas Baile
2010–2012
Laura Barbey
2014–2016
Camille Baroux
2015–2018
Jérémy Barrault
2012–2014
Hannes Barwanietz*
2018–2019
Hélène Baum
2010–2011
Marie-Mam Sai Bellier
2015–2017
Thomas Berthou
2010–2012
Noémie Besset
2017–2019
Oriane Betton
2013–2015
Pierre Boggio
2013–2015
Tiphaine Brelay
2014–2016
Manon Bruet
2013–2015
C
Marion Cachon
2016–2018
Charlotte Carletto
2019–2021
Maxime Castagnac
2015–2017
Anaïs Chappelet
2018–2020
Alex Chavot
2012–2014
Céline Chip
2011–2013
Louise Cirou
2015–2016
Martin Clamens
2011–2013
Benoît Clément
2015–2017
Elorah Connil
2018–2020
Fabien Coupas
2012–2014
Mathilde Courtot
2019–2021
D
Sara Dabbagh
2009–2011
Sonia Daroux
2008–2010
Clara Degay
2019–2021
Maxime Delavet
2016–2018
Éloise Derly
2012–2014
Charly Derouault
2018–2020
Iris Deschamps Courau
2011–2013
Marius Durand
2017–2020
Margot Duvivier
2012–2014
F
Clément Faydit
2016–2018
Inès Fontaine
2018–2020
Rémi Forte
2014–2017
Jérôme Foubert
2010–2012
G
Alaric Garnier
2011–2013
Camille Garnier
2010–2012
Elena Germai
2009–2011
Emma Geslot
2019–2021
Kevin Gotkovsky
2012–2014
Amélie Goumillou
2009–2010
Côme Guérif
2018–2020
J
Camille Jacoby
2014–2017
Robyn Johnson
2017–2019
K
Alexandra Karaolanov
2018–2021
Célestin Krier
2012–2014
L
Thomas Leblond
2009–2012
Marine Leleu
2016–2018
Clément Le Tulle Neyret
2008–2011
Justine Lhote
2014–2016
Maurice Lopes
2009–2010
M
Fabrice Mabime
2011–2014
Claire Marrel
2019–2020
Morgane Masse
2013–2016
Éloïse Michel
2014–2016
N
Agathe Nicolas
2009–2010
Corentin Noyer
2013–2015
O
Adèle Onillon
2017–2019
P
Alain Papazian
2016–2019
Daphnée Paris
2019–2020
Sébastien Pascot
2009–2011
Claire Peressotti
2017–2019
Alice Perrine
2013–2015
Laurent Peteuil
2016–2018
R
Samuel Rambaud
2008–2011
Caroline Racoupeau
2011–2012
Coline Richard
2017–2020
Anaïs Roger
2016–2017
Lucile Rouillier
2011–2013
Anthony Roy
2011–2013
Mélanie Roy
2017–2018
S
Marie-Luce Schaller
2010–2011
Louise Smart
2017–2020
Tony Simoes-Relvas
2008–2011
Giulia Siviero*
2017–2018
Anna-Maria Stefani*
2010–2011
Marine Stephan
2015–2017
T
Gaëtan Thirion
2019–2021
Hadrien Tranchant
2017–2020
V
Sarah Vadé
2014–2016
Thibaut Vandebuerie
2014–2016
Paul Villard
2012–2013
Rozenn Voyer
2014–2017
W
Rosalie Wagner
2014–2016
Camille Weber
2014–2016
—* Étudiant·es en échange
Design is a verb, not a noun. 12 — Stuart Bailey
Quand débute le dessin des choses. 13 — Laurence Bertrand Dorléac
Stuart Bailey aime dire que « design » est un verbe, pas un nom. Cette maxime, qui revient souvent dans ses textes, traduite littéralement en français, est difficile à comprendre, pour des raisons liées à nos usages culturels et linguistiques. Il faudrait peut-être plutôt dire : « Design est un verbe, pas un adjectif ». Il suffit en effet de lancer une recherche « assiette design » ou « cheminée design » sur n’importe quel moteur de recherche pour comprendre assez vite ce que l’usage de l’adjectif design peut recouvrir. Mais il est assez facile de ricaner entre designers informés, du spectacle laborieux de ces objets « originaux ». Notre rire nous empêche de voir qu’il y a une continuité entre la volonté naïve ou cynique de leurs auteurs de distinguer leurs créations du commun des objets, et la relation fétichiste que nous entretenons avec certains signes extérieurs de design. Trop souvent, le design est considéré comme une substance que le designer sécrète naturellement, comme l’abeille le miel, et dont on pourrait recouvrir la surface d’objets, devenus, par cette simple opération, design. Le design est trop souvent pensé en termes de style (valeur adjective du design) pas assez en termes de processus.
La mise en forme des objets commence le plus souvent bien avant que le designer ne les dessine. Et le dessein de toute mise en forme, ne se réalise que dans sa réception par les usagers (usage). Le design est un processus dont le designer est le garant sans en être pourtant le seul, ni même le principal acteur.
12. La citation de Stuart Bailey peut se trouver dans plusieurs de ses textes, et notamment dans l’article « Hardy Perennials » (2013, page 3), qui peut être consulté à l’adresse suivante: www.servinglibrary.org/journal/6/hardy-perennials
13. Cette citation est empruntée à Laurence Bertrand Dorléac, qui l’a prononcée dans le cadre de l’émission L’art et la matière de Jean de Loisy, diffusée sur France Culture le 6 décembre 2020.